Suventions directes

Œuvre : Subventions directes.

Action, réalisée avec le collectif éponyme. Prise d’otage du conseiller aux arts plastiques de la DRAC Languedoc-Roussillon et demande de rançon plutôt que de subvention à l’État en échange de sa libération. Dans le même temps, une manifestation pour sa libération est organisée par des comparses dans la rue adjacente au bâtiment.

Conçue sur le modèle de la guérilla, cette action propose une autre manière d’envisager les rapports de l’artiste à l’institution.

Lieu : Montpellier, France, 2005.

Texte de référence :

Le texte de revendication envoyé à la presse : (Rédaction collective).

Montpellier, le 7 juin 2005.

Nous revendiquons la séquestration dans son bureau, de 17 h à 18 h 05, du chargé des arts plastiques de la D.R.A.C Languedoc-Roussillon. L’intéressé a été libéré quelques minutes après l’heure administrative de fermeture des locaux grâce à l’intervention de manifestants munis de pancartes « Libérez Rousseaux !». Situés dans la cour d’honneur du bâtiment, ceux-ci ont notamment payé une partie de la rançon fixée à 300 Giga euros.

Nos intentions étaient de :

–    Basculer d’une banale demande de subvention en demande de rançon.
–    Partir ainsi d’un moment de confrontation entre des porteurs de projet et une institution d’aide à la création, moment souvent lourd en charge émotionnelle, pour faire naître une situation de décalage et d’accident.
–    Profiter de cette situation pour porter un regard inédit sur le milieu dans lequel nous évoluons en jouant avec ses codes :

o    Utiliser ainsi les institutions culturelles comme base d’expérimentation.
o    Investir physiquement l’espace du bureau du chargé des arts plastiques en tant que champs d’action.
o    Détourner la fonction institutionnelle de Bernard Rousseaux en fonction pratique de matériel de création.
o    Réduire le rendez-vous de présentation d’un projet, le dépôt de demande de subventions, le temps de sa réalisation, le vernissage, la communication et la monstration en un seul moment – Une unité de temps et d’espace.

–    Faire d’une séquestration planifiée par un rendez-vous et donnant lieu à une collation partagée avec la victime un élément de réflexion sur la validité d’une position critique de l’artiste au sein des institutions d’aide à la création, publiques ou privées, et sur les facultés éventuelles de récupération de tout discours subversif par celle-ci.
–    D’une manière plus large, proposer un moment de négociation sensé aboutir à un nouveau contrat, symbolisé par la rançon, destiné à interroger sur le rôle de l’artiste dans la société et ses éventuels moyens de rémunération.
–    Insister sur les liens particuliers qui unissent les artistes et l’argent dans un contexte social où l’aptitude à adopter des stratégies commerciales et la faculté à en gagner tendent à se poser comme uniques éléments d’appréciation.
–    Attirer l’attention sur les conséquences potentielles de ce système de valeur et les mettre en perspective avec les conflits d’intérêts, parfois violents, générés par une situation de marché mondialisé et d’individualisme de masse.
–    Simuler un des instruments de lutte les plus radicaux pour évaluer, dans le milieu social de référence, les limites politique et éthique, mais aussi géographiques et financière de la « pulsion participative » de l’artiste.

–    Conscient des enjeux et des contradictions mises à jour et en s’inspirant d’Oppenheim, proposer comme artiste tout sujet désireux de se définir, par une pratique singulière, dans cette volonté de cerner ses limites.
D’autres personnes suivront


SUBVENTIONS DIRECTES

 



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