Paysages monétaires internationaux

Œuvre : Paysages monétaires internationaux.

Collages réalisés à partir de morceaux de véritables billets de banque et d’or 22 carats. 

Lieu : France, 2014 / 2015

Texte de référence :

Enfant, je collectionnais les petites coupures étrangères rapportées de voyages par mes proches. Se plonger dans leur contemplation minutieuse, c’était comme partir à mon tour. Un univers immense s’ouvrait à moi que je me jurais de sillonner plus tard. Ces dernières années, j’ai la chance de le faire dans le cadre de ma pratique artistique qui aborde notamment la « crise » économique mondiale. Une de ses premières manifestations ayant été financière, la passion numismatique m’a naturellement rattrapé et j’ai souhaité donner dans mes œuvres une place particulière au billet de banque et à sa charge symbolique.

Objet visuel singulier, son intérêt réside paradoxalement dans sa valeur d’échange – fiduciaire – et non dans ses qualités esthétiques .

Son iconographie est cependant extrêmement soignée, pour souligner son caractère précieux, mais aussi pour en faire un véhicule identitaire porteur d’idéologies. Ici tout est parfaitement ordonné, la réalité est enjolivée, voire franchement travestie. On oscille le plus souvent entre image d’Épinal et propagande, ce qui, là encore, n’est pas le moindre des paradoxes pour de petits papiers imprimés foisonnants aujourd’hui de dispositifs anti-falsification,

J’ai beaucoup insisté sur le premier aspect, la valeur transactionnelle, relationnelle, de l’argent dans l’installation : « Compte rendu» (description comptable d’un tour du monde qui résume les multiples rencontres de voyage à des échanges marchands) proposé en 2011 à l’Espace Vuitton prolongée toute l’année par l’action : « J’achète votre âmitié » (achat d’âm(e)-itiés grâce à des billets de banques réalisés par mes soins).

J’ai abordé aussi la création monétaire, la financiarisation et l’aspect identitaire attachés aux billets de banque avec le projet : « Superadditum » réalisé en Islande.

 Avec la série des : « Global monetary landscape » je souhaitais explorer plus avant la dimension visuelle des billets de banque. Celle-ci reprenant avec le temps le dessus sur leur valeur « fiduciaire » dans un lent processus de « démonétisation » qui semble s’accélérer avec la crise.  L’image, la valeur décorative du billet devenant ainsi exceptionnellement plus importante que sa valeur financière (…)

Je voulais me perdre dans l’espace imaginaire proposé par la plupart des billets qui offrent aux regardeurs méticuleux des paysages idylliques, des édifices imposants et des couchers de soleils interminables. Je voulais porter un regard critique sur ces territoires utopiques plus proches du rêve que de la réalité sans pour autant oublier l’émerveillement enfantin qui me saisissait jadis devant la profusion des costumes exotiques, des couleurs et des filigranes finement ciselés.

M’aidant une fois encore de mots, je suis parti des expressions : paysages monétaires et village global issues du jargon des économistes et je les ai rapproché du poète Georges Hugnet dont les collages surréalistes m’ont inspiré autant que ses textes.

Cet ancêtre, utilisateur avant l’heure du sampling et du copié-collé était par ailleurs dans les années 40 un grand résistant. Le confronter à l’image totalitaire des plus grands dictateurs mégalomanes de la planète affichant leurs effigies comme autant de signe incontournables de leur pouvoir sur une monnaie et donc sur un peuple ne m’en a paru que plus pertinent…

Liens :

Crédit à mort, Anselm Jappe

Colère espagnole sur billets de banque

La technique du Hobo Nickel

Pièces détournées façon comics

Artiste sur billet de banque.

 

 



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