Le silence de la rue

Œuvre : Le silence de la rue.

Lieu : Athènes, Grèce. Octobre 2012.

Exposition à l’Artothèque de Caen avec Didier Ben Loulou du 11/04/2014 au 31/05/2014 :

Textes de référence :

Montpellier, 9 novembre 2012, (anniversaire de la naissance de Raymond Hains),

Je reviens de Grèce.

Durant mon séjour là-bas, j’avais parfois l’impression de surfer sur la crête d’un Tsunami qui fonce droit sur la France. Aujourd’hui, dans mon dos, soufflent encore les échos de cette foule athénienne chauffée au cocktail Molotov, comme un vent brûlant qui continue à me porter.

Sur place, j’ai beaucoup marché, questionné, observé. J’ai pris aussi énormément de clichés.

Certains, pour mener à terme un projet conçu avant de partir – comme un bon élève qui finit toujours ses devoirs –, bien à l’aise à la fraîcheur d’un petit studio improvisé.

Mais voyager, ce n’est pas ça, c’est avoir l’humilité de changer de perspective.

 Paradoxalement, ce que j’ai à « rapporter » de plus parlant sur la situation que j’ai trouvée là-bas, ce sont justement ce que l’on pourrait qualifier de « non-images ». Celles d’innombrables panneaux publicitaires géants laissés vides faute d’annonceurs, faute de clients. « The medium is the message » ; on peut prendre ça aujourd’hui au pied de la lettre.

Derrière la forme impeccable de ces contenants que dévoile l’absence de contenu, sur ces écrans qui n’arrivent plus à cacher la triste réalité, j’ai voulu projeter une interprétation personnelle, le retour brutal d’une utopie trahie : celle de ces soixante-huitards échevelés devenus entre temps fils de pub. J’ai anticipé la fin possible de la société de consommation, la fin d’une époque, d’un modèle économique.

J’en reviens conforté dans cette intuition que la crise nous oblige à nous repenser. Comme le disait Gilles Deleuze : « l’acte numéro un de la résistance, c’est d’avoir le courage de douter ».

Ces panneaux vides qui laissaient voir leur fond, c’était bien sûr une invitation à aller voir derrière les images, à taquiner le petit « faiseur d’images » que je suis, cherchant à « produire » un matériel artistique bien léché, à documenter, à inventorier un instant de basculement qui s’éprouve avant tout par le vide, par le grand choc famélique du rien…

 Photographies complémentaires :

Cette série des panneaux est à mettre en résonance avec ces clichés des murs du centre ville d’Athènes, Agora improvisée du 21 ème siècle.

Grèce, septembre-octobre 2012… .

 

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